La crise financière occupe de manière obsessionnelle le devant de l’actualité depuis l’été 2007. Elle a suscité de très nombreuses analyses de grande qualité. Mais elles laissent souvent paradoxalement leurs lecteurs sur leur faim en offrant un trop long menu d’explications, sans en expliquer les enchaînements et la hiérarchisation.
Le cahier que présente aujourd’hui En Temps Réel s’est donné pour objectif de présenter une lecture qui identifie les mécanismes dont la conjonction a permis la crise, et la manière dont leur interaction a conduit à ce qu’elle se produise, et surtout de mettre en évidence les deux facteurs clefs qui ont rendu possibles les enchaînements qui la caractérisent.
Le premier de ces facteurs est la « liquidité » : notion aux sens variés (les auteurs en recensent quatre acceptions principales), mais qui est devenue centrale : sa « disparition » a marqué le début de la crise ouverte en août 2007. Le déroulement des évènements a permis de prendre conscience du point auquel cette liquidité était mal connue, peu régulée, et largement gérée en dehors du système bancaire.
Le second facteur est le développement de gigantesques marchés de produits dérivés de toutes sortes reposant sur des hypothèses excluant l’analyse des risques dits « extrêmes », et, en pratique, de tous les risques d’ampleur jusque là inconnue. Les instruments de mesure des risques, qui servent à calculer les besoins de fonds propres à mettre en face de ces risques, sont en effet tout entiers construits sur la base de séries historiques, et ne s’intéressent pas aux risques nouveaux que peut courir le système et qui n’ont pas de précédent. Les auteurs montrent à quel point cette attitude a conduit à sous-estimer massivement l’ampleur des risques pris.
Au-delà de ce diagnostic, les banques, les régulateurs devront agir. Le cahier trace un certain nombre de pistes sur ce que pourraient être les lignes directrices de leur conduite dans les temps à venir.