En Temps Réel est heureux de publier cette importante contribution à la compréhension d’un sujet majeur de notre temps. Un prochain cahier viendra compléter et élargir la réflexion sur ces thèmes, en présentant le premier bilan que tire Louis Schweitzer de son action comme président de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité.
Le Conseil constitutionnel a admis les tests ADN et rejeté les statistiques ethniques : conclusion inattendue du long et vif débat qui a entouré la nouvelle Loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile, adoptée le 23 octobre 2007 (Décision du Conseil constitutionnel, n° 2007-557 DC du 15 novembre 2007). Cette loi et les discussions qui l’ont entourée révèlent à quel point la « question noire » est devenue en quelques années un sujet social et politique majeur en France. Les termes de ce débat ne sont pas ceux qu’avait mis en avant depuis plusieurs décennies l’extrême-droite incarnée politiquement par le Front national ; ils posent, de manière nouvelle, des questions qui s’efforcent d’établir un lien avec l’histoire de l’esclavage ou des colonies ; ils s’inscrivent dans un contexte social où la réalité et la perception des noirs dans la société française ont profondément évolué.
Le cahier de Géraldine Faes et Stephen Smith retrace l’histoire récente de la question noire en France ; il permet d’en comprendre les profondes modifications au cours du temps et conduit, en conclusion, à aborder différemment le débat sur la discrimination positive et les statistiques ethniques. C’est à partir de leur analyse de l’évolution de la situation des noirs en France, et de ses déterminants économiques, démographiques, sociaux, que Faes et Smith prennent ainsi position pour une approche qui combine, sur des territoires identifiés, des moyens multiples d’action publique (le « clustering »), plutôt que de retenir un « ciblage » ethnique. A sa manière, le Conseil constitutionnel leur a donné raison.