L’opinion perçoit généralement le chômage de deux manières possibles. Pour les uns, il représente une conséquence inévitable de notre économie de marché et il faut l’accepter comme telle. Pour les autres, c’est une séquelle inacceptable au sein des sociétés modernes qui peut porter atteinte au principe essentiel de solidarité. Nos convictions nous placent dans le rang des seconds. Car nous croyons sincèrement que ce problème n’est pas sans solution, et qu’avec l’aide de chacun, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, chômeurs et salariés, il nous sera possible de dégager des propositions innovantes pour lutter activement contre le chômage en Europe, et particulièrement contre celui des jeunes. Le projet que nous souhaiterions développer obéit à cette ambition, nourrie d’un travail collectif étendu sur plusieurs années.
En revenant, dans ce cahier, sur le bilan des réformes structurelles allemandes, nous souhaiterions montrer de quelle manière les lois Hartz ont aidé le pays à traverser la dernière décennie sur le plan économique et social. Il ne s’agit nullement d’envisager la transposition aveugle et complète des réformes initiées en Allemagne à d’autres Etats européens. Nous croyons d’ailleurs que ce n’est pas à l’Allemagne de dire à la France ce qu’elle peut et doit faire. L’Allemagne n’est pas un modèle. La France possède en elle-même les ressources nécessaires pour trouver sa propre voie et la formule appropriée. Cette réflexion prétend seulement identifier des pistes d’initiatives communes et comprendre dans quelles mesures, eu égards aux spécificités et aux complexités de chaque pays, il serait cohérent d’élargir à l’Union les leçons tirées par l’Allemagne, avec l’ambition collective de rénover le marché du travail en Europe. Considérer l’histoire pour mieux appréhender l’avenir et proposer des instruments originaux pour faire face au défi de l’emploi : tel est le but de ce cahier. Car nous restons convaincus qu’à un problème si vaste, il importe de répondre par des mesures exigeantes et résolument nouvelles. C’est à ce prix qu’il sera possible de résorber le chômage des jeunes et de donner aux peuples d’Europe confiance dans une initiative de l’Union européenne