Avec la réforme de l’audiovisuel public et les états généraux de la presse, Nicolas Sarkozy vient, comme la plupart de ses prédécesseurs, de laisser son empreinte sur un secteur, les médias, auquel les hommes politiques, en France comme ailleurs, se sont toujours intéressés, et dans l’organisation duquel ils n’ont, en France nettement plus qu’ailleurs, jamais cessé d’intervenir.
Les débats sur la suppression de la publicité sur les chaînes publiques et sur la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le pouvoir exécutif ont été des plus confus. La première de ces mesures a été souvent réclamée par la gauche. La seconde a été principalement vue sous l’angle de la mainmise idéologique, et non de l’exercice des pouvoirs d’actionnaire et financeur.
Quant aux états généraux de la presse, ils apportent sans doute des réponses bienvenues à l’avant-dernière bataille, celle contre les effets pervers de ce qui reste des mécanismes mis en place en France au sortir de la seconde guerre mondiale. Ils ne permettront cependant pas de gagner la vraie bataille du moment : celle de la remise en cause, presque partout dans le monde, de l’économie des quotidiens d’information générale. C’est ce qui explique que leurs conclusions aient été accueillies paisiblement, mais avec résignation plus qu’avec élan.
Pourquoi la classe politique française a-t-elle, toutes tendances confondues, toujours voulu intervenir activement dans l’organisation des médias ? Comment s’y est-elle prise ? Pourquoi, là aussi toutes tendances confondues, a-t-elle si souvent donné le sentiment d’être décalée par rapport à la réalité du secteur ?
C’est à ces questions que répond le cahier L’Etat et les médias en France d’Antoine de Tarlé. Il montre comment, depuis 1944, tous les responsables politiques ont considéré que l’organisation de la presse ou de l’audiovisuel relevait naturellement de leurs prérogatives. Il dégage les raisons pour lesquelles leur action était généralement inadaptée aux enjeux, et à quel point la loi s’est le plus souvent révélée incapable de saisir une réalité que l’économie et la technique bousculaient progressivement de fond en comble. Antoine de Tarlé approche ces sujets, comme c’était déjà le cas dans son cahier Presse et Internet (octobre 2006), sans polémique, mais avec un point de vue profondément original, qui change la perspective qu’on peut avoir sur cette longue histoire.