De nombreuses raisons portent à vouloir améliorer l’état de la recherche française. Celle-ci étant pour une large part publique, la qualité de son fonctionnement fait partie intégrante de l’idéal d’un Etat exemplaire. La recherche participe par ailleurs à l’identité intellectuelle de notre pays. Elle conditionne l’amélioration de notre compétitivité en semant aujourd’hui les graines des innovations de demain. Et elle est devenue l’une des composantes majeures de l’image de marque de la France. Enfin, le durcissement de la compétition internationale conduit à devoir améliorer encore son niveau.
Les universitaires ne peuvent qu’espérer que les résultats de leurs travaux soient à la hauteur de leurs ambitions; mais le succès ne se décrète pas: c’est là affaire de travail, de coopération, de talent, et parfois de hasard. En revanche, ils peuvent légitimement demander que les institutions de recherche n’entravent pas leurs efforts, et s’attachent en toutes choses à promouvoir la compétence et la qualité scientifique – qu’il s’agisse de nominations, de recrutements, d’évaluation ou de financements.
La recherche française s’est longtemps trouvée confrontée à des obstacles systémiques. La faible part laissée à l’expertise proprement scientifique dans la réflexion sur son organisation aura à cet égard constitué l’un des freins les plus puissants.
En Temps Réel a souhaité verser quelques pièces au débat. L’urgence du contexte actuel – outre la campagne présidentielle, le renouvellement de toutes les directions d’université d’ici juin prochain – conduit à diffuser des propositions très concrètes.
Les chercheurs qui ont signé les textes rassemblés ici par Julien Cantegreil et Philippe Schlenker sont issus de disciplines fort diverses, relevant des sciences autant que des humanités; ils travaillent avec des méthodes multiples, tant théoriques qu’expérimentales; ils n’ont pas nécessairement les mêmes orientations politiques; et ce n’est pas non plus au nom de tel ou tel syndicat qu’ils s’expriment ici. Ils ont en revanche le souci commun d’accroître la transparence et la qualité des procédures par lesquelles la recherche française est organisée; nous espérons que ces propositions pourront y contribuer.
Les articles sont regroupés en trois thèmes. Les deux premiers portent sur les principes d’organisation de la recherche, et le rôle que devraient y jouer les meilleures pratiques internationales. Les deux suivants concernent des propositions pratiques pour améliorer le fonctionnement de nos institutions. Les deux derniers abordent les questions spécifiques que pose l’organisation des Sciences Humaines et Sociales.